Des premières traces d’occupation remontant au paléolithique jusqu’à nos jours, Persac conserve des traces de son histoire à travers son patrimoine. Certaines sont toujours bien visibles, d’autres se sont faites jours dans les dernières décennies. Du bourg aux écarts, l’histoire s’est écrite au fil des paysages, des édifications, des évènements historiques.
A la découverte du patrimoine persacois
Un patrimoine religieux atypique
L’église Saint-Gervais Saint-Protais de Persac
Construite au 12e siècle en style roman, elle reçut en 1315 un clocher gothique de belle facture (inscrit aux Monuments Historiques depuis 1935).
Mentionnée pour la première fois en 1097 dans une charte de l’abbaye Saint-Cyprien, cette église a été entièrement remaniée au 19ème siècle. La première église était vraisemblablement de style roman formée par un édifice rectangulaire à un vaisseau, transept non saillant et un chevet absidial orienté à l’est selon la tradition chrétienne. Le clocher date de 1315 comme l’atteste une dédicace gravée sur une pierre sur la partie gauche de l’église. A la fin du Moyen-Age, il semble que l’église soit fortifiée et entourée de douves.
En 1868, des travaux d’ampleur sont réalisés avec la démolition de l’ancienne abside, le dérasement des deux côtés du clocher, la démolition des murs de la nef et du transept, la reprise du clocher et la construction d’une nouvelle voûte. C’est sans doute à cette occasion que l’orientation de l’église est inversée et le chevet placé à l’ouest. Un transept -saillant cette fois- est créé et chaque bras muni d’une chapelle. Le clocher, autrefois à la croisée du transept, se retrouve au milieu de la nef.
A voir à l’intérieur :
- Une Vierge à l’enfant en bois polychromé du 15e s.
- Une statue de Saint-Jean provenant d’une chapelle où avait lieu des « voyages » pour diverses guérisons.
- Au sommet du portail d’entrée du presbytère, la sculpture d’un bonnet phrygien est due à » l’humour » de révolutionnaires vis-à-vis du curé nommé Bonnet.
La Chapelle Saint-Honorat
Cette chapelle, dont il ne reste que l’abside, aurait été construite vers le 7e siècle puis restaurée vers la 1ère moitié 12e siècle. Elle est liée à la dévotion locale de Saint-Honorat, dont la légende prend forme dans le hameau de Pré. Pillée puis incendiée par les troupes protestantes de Coligny entre 1562 et 1569, elle reste à l’état de ruines jusqu’en 1886, date à laquelle, elle fait l’objet de fouilles puis d’une restauration.
A voir à l’intérieur :
- Les vestiges de l’autel datés du 7e siècle.
- Les colonnes de chaque côté de l’abside du 12e siècle.
- Une pierre d’autel portant un monogramme du Christ (fin de l’époque mérovingienne, classé aux Monuments Historiques depuis 1908.
Y aller : la chapelle est située au nord du bourg, tout près de la place Beaulieu : 2 rue Saint-Honorat.
De beaux châteaux
Le Château de la Brûlonnière
Ce château doit son nom à la famille Brulon, propriétaires connus dès le 14e siècle. Il est fortifié au 15e siècle puis remanié ensuite à de nombreuses reprises. Il prit le nom de « Château de Persac » le 16 mars 1633. Un des propriétaires fut le vicomte Emile de la Besge, très connu dans la région à la fin du 19e s. en tant que grand chasseur de loups et créateur d’une race de chiens adaptée à cette chasse.
Y aller : Propriété privée. Seul le parc est accessible, à partir de la grille située à côté de l’église.
Le Château de la Mothe
Le château de la Mothe est situé au nord du bourg de Persac. Il s’élève sur une motte dont on devine encore parfaitement les contours et les fossés au nord, à l’est et au sud. Si le toponyme de la Mothe (ou Motte) plaide en faveur d’une fortification ancienne, une incertitude demeure sur le début de sa construction, probablement au 11e s.
De l’ancien château féodal, il ne reste que la partie nord-ouest, comprenant une façade antérieure limitée du côté nord par la tour d’escalier et une tour, plus petite, côté sud. Depuis 1984, le portail d’entrée et le château font l’objet d’une protection des Monuments Historiques.
Y aller : Le château de la Mothe est ouvert au public uniquement lors des journées du patrimoine ou d’expositions organisées par l’associations des Amis de la Mothe.
D’autres châteaux et belles demeures sont recensés sur la commune et ses écarts et constituent un patrimoine bâti riche, témoin de l’histoire de Persac. Ce sont des propriétés privées, non ouverte au public.
Des sites remarquables
Le village de Fomperron
Fomperron (ou Fontperron) est un village qui comprend plusieurs maisons rénovées, surtout occupées l’été. Le site est remarquable de tranquillité et de beauté avec son ancien moulin à la retenue et au bief encore visibles. Le Moulin fut édifié au 16e s. et en activité jusqu’à la 1e Guerre Mondiale.
Dans le village de Fomperron, vous pourrez aussi découvrir :
– un gué aménagé, composé d’un ensemble de pierres disposées côte à côte, permettant le passage de la rivière à pied.
– un four d’une conception originale.
Y aller : à partir du bourg de Persac, sur la route de l’Isle-Jourdain à 3 km, prendre le chemin à droite d’environ 1 km qui descend jusqu’à la rivière la Grande Blourde.
Les Arcades de Villars
La construction vers 1880 de la voie de chemin de fer de Saint-Saviol au Blanc, passant par Lussac-les-Châteaux et L’Isle-Jourdain, a nécessité l’édification d’un pont longeant la Vienne. Les ingénieurs ont décidé de construire un ouvrage d’art, adossé à la falaise d’une longueur de 313 mètres et soutenu par 44 arches de 5 mètres d’ouverture. Les « arcades de Villars » est un magnifique ouvrage d’art, aujourd’hui partiellement caché par la végétation mais un sentier aménagé permet de suivre le pied des arcades sur toute la longueur.
Y aller : le site est accessible jusqu’au village de Villars où il faut laisser votre véhicule.
Un site paléontologique unique en Europe
A la faveur de fouilles menées par le laboratoire de paléontologie de l’Université de Poitiers (PALEVOPRIM), un site paléontologique unique a été mis à jour sur la commune, avec notamment des pièces squelettiques et dentaires de divers groupes de poissons, de reptiles dont des tortues, des lézards, des crocodiles, des reptiles volants (ptérosaures) et deux groupes de dinosaures (théropodes et ankylosaures).
Sur une propriété privée, ce site n’est pas accessible au public.
Paléo-Persac >
Les espaces naturels protégés
La présence de milieux naturels et semi-naturels riches et diversifiés sur le territoire communal permet d’offrir des conditions favorables à l’accueil de nombreuses espèces. Six espaces de la commune ont un intérêt écologique reconnu et sont classés Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF).
Biodiversité et écologie >
Persac, des origines au 20e s.
Le peuplement de Persac est ancien. Des traces d’occupation remontant à la fin du paléolithique ont été repérées sur le territoire communal. Cette occupation se prolonge au néolithique, puis à l’âge du bronze et à l’âge du fer, comme en témoignent les traces archéologiques de campements, bâtiments ou enclos. Plusieurs vestiges de l’époque gallo-romaine ont fait l’objet de fouilles et de repérages, dès le 19e siècle, puis au cours du 20e siècle.
Le territoire jusqu’à la Révolution
Bien que le nom de Persac n’apparaisse pas dans les textes avant la fin du 11e siècle, il semblerait qu’une première communauté d’habitants se soit installée autour d’une église primitive dont l’autel mérovingien de la chapelle Saint-Honorat pourrait bien être un vestige. Avant la Révolution, la paroisse de Persac relevait de la châtellenie de Lussac-les-Châteaux. Dénommée Pairacac (ou Perrecac), Patriciacum, Peiressac, aux 13e et 14e siècles, le toponyme de Persac semble se fixer au 16e ou 17e siècle.
Le château de la Mothe, laisse supposer l’existence d’une première fortification, peut-être dès l’époque romane, dont il ne subsiste rien d’autre que la motte sur laquelle elle devait s’édifier. Aux 12e-13e siècles, le territoire de Persac se morcelle en plusieurs fiefs relevant soit de la châtellenie de Lussac, soit de la châtellenie de Calais dont le siège se trouvait à l’Isle-Jourdain. Ces deux châtellenies relevaient elles-mêmes du comté de la Basse Marche. Cette « inféodation » des terres semble poussée à l’extrême puisqu’on ne dénombre pas moins de cinq seigneuries vers le milieu du 14e siècle, toutes dotées d’un hébergement plus ou moins fortifié situé dans le bourg de Persac, dans un périmètre de moins d’1 km².
Après la guerre de Cent Ans, les guerres de religion ouvrent une nouvelle période de troubles. Il ne reste au 18e siècle que trois seigneuries : la seigneurie de la Brulonnière dite de Persac, celle de Villars et celle d’Oranville.
Le 19e siècle
Au début du 19e siècle, la population avoisine les 1350 habitants. Le territoire est principalement agricole, et, grâce aux améliorations apportées aux méthodes de culture au cours du 19e siècle, ce sont plus de 1200 hectares de brandes et de terres incultes qui sont mises en culture au cours de ce siècle (entre 1825 et 1915).
Le bourg connaît de profondes modifications dans la seconde moitié du 19e siècle, avec l’alignement de la Grand’Rue, lié à l’aménagement de la route départementale n°11 menant de Lussac-les-Châteaux à l’Isle-Jourdain. Auparavant, deux ponts ont été construits, un sur la Petite Blourde entre Lussac et Persac, et l’autre sur la Grande Blourde, entre Moussac et Persac, à la fin des années 1850. De nombreuses maisons sont reconstruites après les travaux d’alignement, plus belles et plus confortables, et de nouvelles viennent se placer le long de la voie qui offre des perspectives de développement économique.
Les cours de la Vienne, de la Grande et de la Petite Blourde sont propices à l’installation de moulins. Beaucoup ont déjà disparu au 19e siècle (les Isles, la Baudéterie, Fleigné, Fontenelle, le Petit Moulin, la Pilatière, seul moulin à eau associé à un moulin à vent situé à Peusec, le moulin de Rosières). La plupart des moulins à farine encore en place au 19e siècle cessent leur activité au 20e siècle (le Petit Port, Fontperron, le Moulin Brûlon, la Brousse de Favars). Seul le moulin de Villars poursuit son activité et prend de l’ampleur en 1892, transformé en minoterie à cylindres.
La création de la ligne ferroviaire de Saint-Saviol (Civray) au Blanc, inaugurée en 1891, vient conforter le développement économique et commercial de Persac. La population atteint pratiquement les 2000 habitants cette année-là, son maximum.
Le 20e siècle
Les aménagements publics se poursuivent dans la première moitié du 20e siècle (Poste, service télégraphique, école publique de filles, installation de l’éclairage public, adduction d’eau, etc.). Pendant la Seconde Guerre mondiale, la commune accueille des réfugiés des départements envahis (la Moselle principalement, selon le plan national d’évacuation) et les liens avec la Résistance s’organisent, notamment lorsqu’un bombardier américain s’écrase sur le territoire de la commune le 4 juillet 1944.
Du point de vue démographique, après un lent exode rural amorcé à partir de 1901 et accentué par les décès de la Première Guerre mondiale puis par la fermeture de la ligne ferroviaire entre 1939 et 1969, la population ne cesse de décroître pour passer sous la barre des 1000 habitants après 1975. La commune compte aujourd’hui 733 habitants.
Pour aller plus loin
Retrouvez d’autres informations historiques sur la commune de Persac :
- sur le site de l’inventaire du patrimoine de la Région Nouvelle-Aquitaine, source de cet historique de la commune (travail réalisé par Myriam FAVREAU).
- dans les écrits de Jean Claude PETIT. Membre actif de la société de recherches du pays chauvinois (SRAC) et originaire de Persac, il a produit de nombreux articles sur la commune :
– Le droit seigneurial > Télécharger
– Persac, commune rurale en Haut-Poitou > Télécharger
– Nouvelle découverte archéologique > Télécharger